Let's take a drink or two~ [Mayu]

Employé ; « Sumimasen ! Je vais réparer cette erreur, je n’avais pas vu les fautes dans ces trois Kanji ! »

T’as raison, répand toi en excuses pour ne pas savoir écrire des Kanji de base dans un rapport que tu rend à ta supérieure et surtout à l’attachée de presse hystérique qu’elle était ! Yu Fei lui jeta même carrément le paquet de feuilles en travers de la figure. Si elle détestait bien une chose, c’était les rapports bourrés de faute d’orthographe qu’on pouvait lui rendre à la fin de la journée ! On n’avait pas idée de bâcler ainsi son travail par simple envie de rentrer se mettre au chaud et elle n’allait certainement pas cautionner ça !

Yu Fei ; « Incapable ! Tu n’es qu’une incapable…Range moi ces feuilles volantes et donne moi un rapport digne de ce nom demain matin…Sans retard et sans fautes ! »

Et elle ne s’était pas arrêtée là, elle avait tellement hurlé sur sa collègue qu’elle l’en avait fait pleurer et avait été obligée de la faire sortir de son bureau en la poussant histoire qu’elle n’inonde pas toute la pièce d’excuses bidon et de larmes. Pauvre fille…Elle ne savait donc pas que la jeune femme ne supportait pas qu’on se répande en excuses comme ça ? Ca ne faisait qu’activer encore plus son côté sadique et la faisait hurler encore plus fort en balançant toutes les choses non cassantes qui lui passait sous la main…Dans un sens, elle adorait leur faire peur mais passons…

Mauvaise journée…Très mauvaise journée. Elle avait d’ailleurs l’impression de n’avoir entendue que des excuses aujourd’hui, qu’elles viennent de stagiaires peu doués ou bien de collègues qui n’avaient pas su quoi dire d’autre après qu’elle leur soit tomber sur le coin du nez. Pour couronner le tout, l’abrutis qu’elle aimait le moins dans cette entreprise et dont elle taira le nom n’avait de cesse de lui apporter une montagne de travail totalement inutile et qu’il pouvait aussi bien donner à une autre personne qu’elle ! Agacée par tout ça, il fut particulièrement dur pour ses subordonnés de la supporter aujourd’hui. Elle avait râlé, menacé et même manqué de balancer son café en travers de la tronche d’une photographe qu’elle ne connaissait que trop bien. Photographe qu’elle avait pris en otage quelques heures plus tard pour aller boire un verre…Enfin, si un était le chiffre adéquate pour elles.

Cependant, elle n’avait pas l’intention d’aller n’importe où. Le premier bistrot du coin ne lui plaisait pas et quand elle s’engouffra dans le Taxi en obligeant presque sa collègue à faire de même, elle avait une idée bien précise de ce qu’elle voulait faire. Pas de Host Club pour la jeune femme ce soir, elle préférait, et de loin, aller dans un endroit un petit peu moins empli de débauche même si elle terminerait sûrement là-bas plus tard…Pour le moment…Un simple verre dans un bar où elle allait régulièrement du côté de Roppongi allait suffir. Et oui, même Yu Fei, toute riche qu’elle soit, aimait les bars glauques de ce quartier et elle ne s’en privait pas. Boire dans du quatre étoiles très peu pour elle et dans ce cas là, autant se faire servir chez soi vu l’ambiance, quasiment inexistante, qu’il y a dans ce genre d’endroits !
La route lui semblait cependant bien plus longue que la moyenne et elle ne décrispa pas une seule fois les dents de tout le trajet. Ruminant et maugréant par moment sur l’incapacité latente de ce taxi à se dépécher d’arriver à son point de rendez-vous. Car autant les embouteillages ne la dérangeait pas quand elle rentrait chez elle, autant quand elle avait envie de boire un verre ça l’éxaspérait au plus au point et il était de plus, totalement hors de question qu’elle prenne le métro au risque de frapper le premier inconnu qui passerait trop près d’elle…C’est donc en rongeant son frein qu’elle attendit que le chauffeur daigne enfin s’arrêter. Et sans un mot, elle le paya et sortit du véhicule. Même pas d’au revoir ni de merci et quand elle claqua la porte ce fut uniquement pour se presser et rentrer dans ce bar. Honnêtement, dans ce lieu, sa tenue vestimentaire dénotait carrément mais elle s’en foutait pas mal…L’important n’était pas sa tenue et le regard des gens accoudés de part et d’autre du bar mais bien le tabouret qui se trouvait au fond de la pièce et qui allait accueillir ses magnifiques fesses dans pas longtemps !

Et ce fut donc accoudée au comptoir, qu’elle attendi désespérément que le serveur daigne prendre leur commandes. A peine 20h et le bouiboui aux odeurs âcres était déjà plein ! Si plein qu’elle en venait à penser qu’elle allait devoir se servir elle-même si elle ne voulait pas mourir de soif ! Raaah~ Bande de bons à rien ! Les gens en ce moment étaient tous des bons à rien et il le lui faisaient très clairement comprendre.

Yu Fei ; « Mais il va se dépêcher un peu ! »

Sur les nerfs et agacée, elle donna un semblant de coup de pied dans son sac avant de héler le barman. Barman qui devait avoir l’habitude de l’entendre hurler vu qu’il rappliqua quelques secondes après avec la bouche en cœur et un verre à la main. Gentil~ Il se souvenait même de ce qu’elle prenait mais avait eu la très mauvaise idée de n’amener qu’un verre…Semblant vouloir à tout pris éviter la photographe postée à côté d’elle…
Elle n’allait pas le manger tout de même, a la rigueur lui sortir deux ou trois phrases désagréables et encore…Mayu commanderait très certainement quelque chose comme si elle ne s’inquiétait de rien d’autre que de sa gorge et de sa soif.

Mayu – Mais quelle emmerdeuse ! »

C'était bien là la seule phrase qui avait franchi les lèvres de la blonde de toute la journée, alors même que Yu Fei, sa compagne de bar, passait son temps à crier à tue-tête sur toutes les personnes qui l'approchaient. Inutile de préciser que la remarque n'avait pas été accueillie d'un sourire, aussi l'asiatique n'avait-elle rien ajouté à la suite, se contentant d'un soupir pour succéder à un nouveau hurlement de harpie vexée. Non, sérieusement, qu'est-ce qu'elle avait bouffé au petit déjeuner, du lion ? Ou quelque chose de pire. Sourcils froncés, elle hocha la tête de haut en bas. Ouais, comme d'habitude, les pensées de cette femme lui étaient complètement fermées, et son humeur s'en ressenti aussitôt. Faut dire aussi qu'avant de s'enfuir dans le couloir dans un nouvel éclat de voix, cette saleté de taïwanaise lui avait fait une sacrée frayeur en manquant de lui foutre son café en plein visage. Bouillant, forcément. Il s'en était fallut de peu. Et après ? A votre avis ? A son tour énervée par la nature enflammée de ce qui ressemblait le plus à une amie à ses yeux, l'androgyne s'était mise à grincer des dents et à harceler le mannequin qu'elle avait en photoshoot pour l'après-midi, et qui se retrouva très rapidement annulé pour causes personnelles. Tu parles. Après deux ou trois piques bien senties, ils faisaient tous la même chose. Puis ensuite, ils allaient se plaindre à leur manager, qui lui-même remontait petit à petit les étages pour que l'histoire arrive aux oreilles du grand patron, qui demandaient toujours invariablement les photographies retirées de cette séance de torture mentale. Et forcément, il souriait, satisfait, et un nouveau message faisait le chemin inverse pour signifier aux intervenants qu'il était hors de question de virer quelqu'un qui possédait un talent aussi flagrant. Bon, évidemment, c'était la version officielle. Officieusement, Mayu faisait dépenser pas mal de sous à sa boîte en compensations et indemnités, histoire de ne pas froisser la nature parfois trop prompte des 'grands' de ce monde. Pfeuh ! De toute façon, c'était eux les gagnants dans l'histoire. Les fans ne voyaient que la personne sur la photo, mais jamais aucun ne remarquait l'ombre discrète glissée dans le regard grand ouvert de leur idole, seule signe indiquant l'existence du photographe. En même temps, vous me direz, la jeune femme ne recherchait guère la gloire du haut de ses vingt-trois ans, tout au plus ne désirait-elle que vivre une vie tranquille sans que personne ne vienne la faire chier, chose qui était généralement respectée. Hormis quand sa collègue venait trainer dans les parages, si il est utile de le préciser. Bref, cette après-midi fut un véritable calvaire, et probablement pas pour les deux seules personnes irascibles de l'immeuble qui le méritaient le plus. D'un autre côté, pour arriver à faire vivre un enfer à l'artiste, il fallait très clairement se lever tôt.

Bref, autant ne pas tourner en rond pour dire que lorsque sa compagne arriva pour lui saisir le bras et l'entrainer droit vers l'extérieur, elle ne fut pas particulièrement surprise. Tout au plus lui adressa-t-elle un soupir ennuyé en passant une main dans ses cheveux d'un geste nonchalant qui n'en donnait que plus de classe à l'apparence masculine qu'elle se donnait. Faut dire aussi qu'à enfiler un jean noir moulant, une large chemise blanche qui soulignait son teint pâle et des baskets, elle ne s'était pas vraiment foulée pour changer cet état de fait. Et quand bien même lui aurait-on fait remarqué qu'elle n'aidait personne en s'habillant de cette façon qu'elle aurait haussé les épaules avec un petit sourire en coin parfaitement moqueur fiché sur son adorable minois. De toute façon, si il y avait bien une personne qui n'était pas à plaindre, c'était Yu Fei - Après tout, aux yeux du monde, cette dernière était accompagné d'un charmant jeune homme sur lequel toutes les têtes se retournaient, bien que son air un peu froid et ses regards désintéressés détournaient bien vite. Pour la nipponne, c'était également une technique infaillible pour qu'aucune fille ne s'avise de l'approcher pour tenter de la draguer. Oh, ouais, elle était parfaitement bisexuelle, et ne se retenait pas de lâcher quelques sourires par-ci par-là quand l'occasion semblait belle, mais aujourd'hui, elle n'était pas franchement d'humour à se trouver une proie convenable à ramener dans son entrepôt désaffecté. Façon de parler, même pour les quartiers pauvres, sa maison était honorable, juste pas mal bordélique. Conclusion, la blonde ne fut pas dérangée de remarquer que sa camarade n'ouvrait pas la bouche de tout le trajet en voiture et garda-t-elle elle-même le silence, s'affalant avec soin contre le dossier de son siège, appuyant sa tête contre la paume de sa main pour fermer les yeux dans une délicieuse imitation du sommeil. En autrement plus séduisant, il fallait le reconnaître, pour quiconque possédait encore un rien de libido. Dérangée par le temps ? Voyons, elle avait tout le temps qu'elle désirait, dans cette vie et celle d'après, ce qui lui permettait d'adopter cette apparente décontraction en permanence, quand il ne lui prenait pas l'envie de crier pour le plaisir de crier. Tout le monde savait que Mayu préférait les frappes chirurgicales à coup de mots. Même la brune à ses côtés le savait - Après tout, ce point avait constitué le début de leur relation avant qu'elle ne pète complètement un câble face à la tendance incroyablement bornée de l'attachée de presse de la boîte. Mais quelle plaie ! Et le pire, c'est qu'elle était incapable de dire ce qui s'était réellement passé. Même sur le comment son invitation était devenue un geste quotidien. En fait, cette relation faisait partie de celles qu'on trouvait sans rien chercher, qui se mettait en place sans rien demander à personne, et surtout pas aux principaux concernés, et au final, la japo-coréenne n'avait pas cherché plus loin. Par flemme ? Ou par je m'en foutisme, plus simplement. En tout cas, elle ne bougea pas d'un poil quand la voix du chauffeur se fit entendre pour leur indiquer le prix de la course, et pas plus lorsque le poids néanmoins léger de la taïwanaise se déplaça tandis que cette dernière se penchait pour payer ce dernier, sans un mot toujours. Bon, n'exagérons pas, la jeune femme se réanima quand la voiture vacilla imperceptiblement sur son emplacement, indiquant la sortie de sa collègue.

Mayu – Merci. »

Ne regardant même pas l'homme et son air de chien battu, la photographe lui tendit un billet de plus, compatissant en silence à ce qu'il venait de subir - Le silence est la pire des tortures, dit-on - avant de s'extraire du véhicule avec une grâce féline et de rejoindre Yu Fei de quelques grandes foulées chaloupées. Là, elle était vraiment énervée, non ? Enfin, pas vraiment. Mais la tension dans ses épaules, que l'asiatique avait déjà remarqué depuis un moment, et la crispation de ses mâchoires indiquaient sans nul doute qu'elle était au minimum sur les nerfs. A fleur de peau. Un seul petit travers et elle risquait d'exploser encore une fois. Une bombe. Celle d'Hiroshima, peut-être ? Personne ne voulait avoir à subir ça, surtout pas dans ce bar malfamé. Elle non plus, par ailleurs, estimant qu'elle avait déjà assez donné pour la totalité du mois. Oh, elle ne se faisait pas d'illusions. La brune ne tenait jamais une lune entière sans pousser une gueulante, mais il était parfois agréable de se laisser aller à une pareille idée. Glissant le bout de ses doigts dans les poches avant de son jean, positionnant ses paumes sur ses hanches, elle la suivit donc à travers le bar en gardant son dos en ligne de mire, admirant même au passage ses jolies petites fesses rebondies. Non, Mayu ! C'est une collègue du boulot, et vu son caractère, elle n'aurait pas été capable de la supporter au réveil si elle avait réussi à la ramener dans son lit. Une mauvaise idée, pour faire court. C'était précisément la raison pour laquelle elle n'avait jamais pensé une seule seconde à l'éventualité d'une pareille idée, aussi détourna-t-elle ses magnifiques yeux vairons sur le reste de la pièce tandis qu'elles s'asseyaient. Franchement, à être la seule décontractée, ce n'était pas la peine d'avoir l'envie de draguer un peu. Ce qui ne l'empêcha pas de détacher quelques boutons de sa chemise, d'un geste habile, pour dévoiler sa gorge fine et la naissance de ce qui devait être l'emplacement de sa poitrine, si seulement elle avait eut le mérite d'en avoir un peu. Heureusement, ce n'était pas 'toujours' ce que ses amants divers voyaient en elle, sinon aucun doute qu'elle aurait perdu à tous les coups.

Yu Fei – Mais il va se dépêcher un peu ! »
Mayu – Mhh ? Tu dis ? »

Un léger sourire narquois étira les lèvres pulpeuses de la blonde tandis qu'elle penchait la tête de côté pour observer son vis-à-vis avec un petit air de prédateur qui lui allait à ravir. Non, le but n'était pas d'énerver un peu plus cette dernière, qui ne sembla d'ailleurs pas y prêter attention vu le coup de pied léger qu'elle offrit à son sac avant de... Gueuler encore. Comme d'habitude, vous me direz. Et à voir la tête du barman et le verre qu'il venait de lui tendre en l'espace de même pas une minute, lui aussi en avait fait un véritable crédo. Courageux le gars. M'enfin, il n'avait pas encore assez de couilles pour se tourner vers Mayu afin de lui demander ce qu'elle désirait, ce qui ne manqua pas de lui attirer un foudroiement du regard digne de la colère la plus froide. Elle détestait être ignorée quand elle ne l'avait pas décidé.

Mayu – Hey, chéri, faut que je te crie dessus aussi pour que tu rappliques ? »

Et de un. Mhh, d'un autre côté, connaissant le niveau de la jeune femme, c'était encore assez léger comme demande. Et suffisant pour s'attirer - Enfin - l'attention du principal concerné, qui bredouilla des excuses aussi rapidement qu'il avait amené le verre. Sans pour autant lui demander ce qu'elle voulait boire, notez bien. Glissant son coude sur le bar avant de poser négligemment son menton dans le creux de sa paume, l'artiste fronça les sourcils en ouvrant légèrement la bouche sur un sourire félin.

Mayu – Et si tu te servais un Bloody Mary ? C'est le client qui paye. » Ironique, bien sûr. « Pareil, le verre de Mademoiselle, c'est pour moi, compris ? Enfin, c'est pas comme si on pouvait en attendre beaucoup de quelqu'un comme toi, vu la tronche de l'endroit ou tu bosses. C'est quoi, la fosse commune de Roppongi ? Pas très reluisant tout ça. » Pause. « Ben quoi, t'as pas encore bougé ? »

En même temps, pour ce qu'elle en disait. Après tout, elle vivait dans le quartier, et pas très loin de ce bar qui plus est, même si elle n'y venait visiblement pas aussi souvent que Yu Fei, ce qui valut à cette dernière un regard en coin discret. Sérieux ? Jusque là, elle avait toujours pensé que sa compagne était plus du genre à préférer les endroits bourrés de luxe, mais il semblait que ses critères chutaient énormément quand elle avait besoin de se défouler. Ah, voilà ! Elle comptait sans doute déclencher une bagarre, c'est ça ? La blonde pouffa de rire, d'une manière délicate, aussi basse que l'était sa voix d'une profonde sensualité. Comme c'était parti, il y avait plus de chance pour que ce soit elle qui déclenche une quelconque rixe à force d'essayer de faire comprendre au barman abruti qu'elle accompagnait Yu Fei. De la même façon, sa phrase était volontairement ambigüe quant à son statut envers la brune - C'était toujours un plaisir pour la demoiselle d'appuyer un peu plus sur le malaise qu'elle provoquait et le mystère qu'elle représentait. En tout cas, le visé se remit en action après quelques bredouillements de plus que la nipponne décida d'ignorer en beauté, reportant un regard scrutateur sur sa principale occupation du moment.

Mayu – Déjà que c'est pas triste au boulot, si on doit subir ce genre d'escargot même en sortie, ça va devenir ennuyant. Je parie que je pourrais m'endormir le temps qu'il revienne. Enfin, c'est toi qui vois. » Pause. « Alors, c'était pour quoi cette fois ? »

Pas besoin de préciser la nature de la question, après tout, elle revenait dans la conversation à chaque fois que la taïwanaise avait la bonne idée de traumatiser tous les étages du bâtiment.

Mayu – Hey, chéri, faut que je te crie dessus aussi pour que tu rappliques ? »

Les lèvres dans son verre, Yu Fei manqua de s’étouffer en entendant son vis-à-vis. Il n’y avait vraiment pas à dire, cette fille avait le don de mettre les gens mal à l’aise et quand elle lança un regard au barman, elle fut presque surprise qu’elle le mette encore plus mal à l’aise qu’il ne l’était déjà. A croire que ces deux jeunes femmes étaient de véritables terreurs dans le coin…Rien que pour ça, elle étouffa un rire qui se serait révéler bien trop bruyant en observant le barman revenir la queue entre les pattes ! Non mais franchement, il n’y avait vraiment pas photo entre lui qui tenait un endroit glauque et elle qui le rendait malade…Yu Fei avait choisit son camp et se délectait d’avance de ce qui pourrait arriver.

Mayu – Et si tu te servais un Bloody Mary ? C'est le client qui paye. Pareil, le verre de Mademoiselle, c'est pour moi, compris ? Enfin, c'est pas comme si on pouvait en attendre beaucoup de quelqu'un comme toi, vu la tronche de l'endroit ou tu bosses. C'est quoi, la fosse commune de Roppongi ? Pas très reluisant tout ça. Ben quoi, t'as pas encore bougé ? »

Mayu ou l’art de mettre les deux pieds dans le plat pour faire sentir aux autres qu’ils avaient merdés. Franchement, il n’était pas étonnant que ces deux là se soit plus d’une fois pris la tête et que même aujourd’hui, dés qu’elle se croise, ça fait des étincelles. Entre l’une qui en rajoutait toujours des tonnes en la personne de Yu Fei et celle qui répondait du tac o tac quand ça lui prenait, il était presque étonnant qu’elles n’en soient jamais venues aux mains et pire encore qu’elles s’entendent sacrément bien quand la journée était terminée. Il y avait cependant des choses dont elles ne parlaient jamais et à bien y réfléchir c’était un peu étrange tout de même comme relation. On pouvait peut-être qualifier ça d’amitié et encore…Yu Fei et Mayu étaient des femmes bien trop compliqués et qui gardaient jalousement leurs petits secrets pour elles. Pas étonnant que leurs discussions soient toujours très vagues et ne touchent jamais à la vie privée de l’autre où alors de manière très rapide. Mais bon, ne mentons pas. Yu Fei aimait beaucoup cette relation qui ne lui compliquait pas la vie alors pourquoi s’attarder sur le sujet ?!

Yu Fei ; « Vas pas me le traumatiser, je viens ici souvent ! J’aimerais pas qu’il rampe encore plus en me voyant alors soit gentille et laisse lui le temps de se remettre de ses émotions, c’est pas tout les soirs qu’il me voit accompagnée de quelqu’un ! »

Certes, Yu Fei venait souvent ici toute seule et elle savait aussi très bien que Mayu jouait avec plaisir de son côté androgyne, elle n’allait donc pas lui gacher son plaisir en balançant tout au barman qui avait fini par se mettre en mouvement et faire ce qu’on lui demandait de faire ! Non mais franchement…Il fallait tout de même pas qu’elle ruine l’ambiance glauque et puante du moment ! Du moins pas tout de suite, Yu Fei n’en était qu’a sa première gorgée et elle ne comptait pas s’arrêter là !

Yu Fei ; « Et pour la fosse commune merci bien ! Depuis quand ce genre d’endroit te pose problème ? il est vachement plus sain que la moitié des Host Clubs que regroupent cette ville ! »

Et vlan ! Le barman dont les connexions semblaient s’être rétablis dans leur ensemble manqua lui aussi de s’étouffer en entendant la classieuse Yu Fei, femme d’affaire type, mentionner des établissements que seuls des prostituées et mauvaises filles fréquentaient en temps normal. Ben quoi ? Qui pense encore que les club d’hôtes sont fréquentés par des personnes saines d’esprit ? Il ne faut pas déconner non plus. La moitié de ces endroits étaient fréquentés par des femmes qui faisait les call-girls ou qui se prostituaient ou je ne sais quoi d’autre encore. Il n’y avait bien que Yu Fei pour aller s’enterrer dans ce genre d’endroit situés au fin fond de Roppongi et Kabukicho. En fait, dans les Host Clubs, les femmes comme les hommes n’étaient pas mieux l’un que l’autre et même si les animes que regardaient son fils montrait une toute autre chose, il était évident que dans la réalité, l’univers des hôtes n’avait rien de reluisant. En fait, c’est un peu comme les films de Yakuzas, ceux où on les transforme en faux gentils qui sauvent les pauvres, la veuve et l’orphelin ! Il n’y avait bien que les imbéciles pour oser penser comme ça. Mais bon…Le sujet n’étant pas là, Yu Fei reporta son regard sur une Mayu qui semblait bien s’amuser autant intérieurement qu’extérieurement.

Mayu – Déjà que c'est pas triste au boulot, si on doit subir ce genre d'escargot même en sortie, ça va devenir ennuyant. Je parie que je pourrais m'endormir le temps qu'il revienne. Enfin, c'est toi qui vois. Alors, c'était pour quoi cette fois ? »

Cette réflexion déclencha un léger rire à la jeune femme. Mayu dans toute sa splendeur, ça faisait du bien de temps en temps non ? Et puis, ça la changeait de ses journées trop longues et de ses nuits qui l’étaient encore plus quand elle rentrait chez elle !

Yu Fei ; « T’as pas bientôt fini de te plaindre ? Pour un fois que je t’emmène avec moi ici, il faut que tu trouves le moyen de pleurnicher sur ce pauvre barman et sa sale habitude de ne rien faire dans le bon sens ! »

La brune marque une pause, consciente que tout le monde l’entendait. D’ailleurs, son effet aurait été encore plus réussit si quelqu’un s’était étouffé en l’entendant mais visiblement, personne ne voulait lui faire se plaisir et dans un mouvement pour replacer ses longs cheveux elle reprit. Posant son coude sur le bar et son menton dans la paume de sa main. Comme ça, elle avait à la fois un air tout gentillet mais aussi sacrément espiègle, le genre d’air qu’il ne fait pas bon voir quand on se trouve en face d’elle ne~

Yu Fei ; « Et en plus maintenant tu me demandes une raison pour venir ici boire un verre ?! Non mais franchement…J’ai pas vraiment envie de parler de l’autre embrumée qui n’est pas capable de rendre un rapport potable en moins de dix heures et encore moins du crétin d’avocat qui me refiles tout les jours plus de travail qu’il ne devrait ! Je te racontes même pas le nombre de dossier qu’il ma refourgué aujourd’hui alors que ce n’était pas de mon ressort ! »

Ah ! Voilà qu’elle était de nouveau agacée et que sa voix portait de plus en plus loin. Ouai…Pour le regard espiègle c’était loupé, d’ailleurs elle s’était redressée de toute sa hauteur en râlant et quand on connaissait sa tendance à prendre trois fois sa taille quand elle s’énervait, elle n’était pas étonnée de voir quelques clients se recroqueviller sur eux-mêmes ! Ce qui fini bien entendu de l’énerver alors qu’elle vida d’une seule traite son verre avant de le reposer violemment sur le comptoir !

Yu Fei ; « HEY ! Tu comptes glander encore longtemps! Magnes-toi d’apporter la suite tu sais pourtant que je déteste attendre ! Et deux verres ce serait bien aussi!»

AAAH ! Elle allait le bouffer ce barman qui venait de se replier sur lui-même en l’entendant hurler. Il la connaissait pourtant depuis assez longtemps pour savoir que quand elle venait ici ce n’était pas pour regarder les mouches voler entre deux verres. Il savait aussi qu’il était très mauvais de lui courir sur le haricot trop longtemps si on ne voulait pas qu’elle fasse une scène et dérange tout les clients tranquillement assis a leur table ! Non mais franchement, c’en était tellement rageant que quand elle reposa son regard sur Mayu pour continuer, elle préféra se taire. Respirer s’avérait être une meilleure idée sinon une crise allait refaire surface en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire !